Le Prix Aydalot 2021 a été attribué à Pauline Pupier, doctorante au laboratoire Discontinuités

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L’Association de Science Régionale De Langue Française (ASRDLF) a le plaisir d’annoncer que le Prix Aydalot 2021 a été attribué à Pauline Pupier pour sa thèse en géographie intitulée « Recompositions scalaires en Europe occidentale : la construction de régions métropolitaines transfrontalières dans l’Eurorégion Transmanche et le Rhin Supérieur » réalisée au sein du laboratoire Discontinuités à l'université d'Artois à Arras, sous la direction du Professeur Bernard Reitel. La lauréate a été invitée à présenter ses travaux de thèse lors du colloque international de l’ASRDLF à Avignon le 3 septembre 2021.

Le prix international de thèse en Science Régionale De Langue Française récompense la meilleure thèse francophone en science régionale. En référence à Philippe Aydalot, pionnier de l’économie territoriale, il s’adresse aux jeunes docteurs s’inscrivant dans les champs disciplinaires de l’économie, la géographie, l’aménagement, la gestion, la sociologie, les politiques publiques. Il s’agit d’un prix international qui reflète l’ancrage géographique de l’association.

 

- Résumé scientifique de la thèse -

« Favorisée par la dévaluation des frontières nationales en Europe occidentale, la métropolisation génère des configurations urbaines qui transcendent les frontières des États-Nations. Autour de Lille, Strasbourg, Basel… des acteurs territoriaux mettent en œuvre des stratégies de développement spatial qui construisent des régions métropolitaines transfrontalières. Un déroulement hypothético-déductif explicite comment l’argument métropolitain y est conforté par l’argument transfrontalier. Il dévoile un jeu d’acteurs ascendant-descendant qui induit une recomposition spatiale et scalaire. La méthodologie est alimentée par des observations empiriques de terrain, des entretiens et une enquête en ligne sur six cas d’étude des régions de la frontière France-Belgique-Royaume-Uni et de la frontière France-Allemagne-Suisse.

Les résultats démontrent comment les acteurs locaux activent la frontière dans leur argument métropolitain. Mobiliser la frontière comme une ressource territoriale favorise une inscription dans une échelle européenne voire mondiale, dans une logique d’ascenseur scalaire.

Mais les régions métropolitaines transfrontalières émergent dans un contexte de compétition interterritoriale et de recomposition des États. La coopération transfrontalière, après deux décennies d’expérimentation et de soutien, entre dans une nouvelle phase mêlée de persévérance et d’essoufflement. Le paradigme métropolitain qui s’impose à l’échelle nationale et européenne offre alors une opportunité de relance. Les acteurs locaux impliqués dans la coopération transfrontalière sont à la recherche d’une plus grande visibilité et sollicitent la reconnaissance et les ressources des États et de l’Union Européenne.

Ces dynamiques, appelées recompositions scalaires européennes, génèrent de nouvelles spatialités. Les régions métropolitaines transfrontalières correspondent à un processus de territorialisation inachevé. Une méthodologie innovante de cartes mentales interprétatives révèle la structuration multiscalaire des régions métropolitaines transfrontalières. Leurs périmètres connaissent des dynamiques d’adaptation et de croissance, mais plusieurs cas d’étude sont remis en question voire dissouts. La construction d’une région métropolitaine transfrontalière semble une stratégie périlleuse où la coopération transfrontalière s’éloigne de ses considérations interculturelles et citoyennes. »